Le nucléaire est avant tout un risque technologique majeur

L'exemple de Lubrizol donne à voir la difficulté de gérer un accident technologique en France. Que se passerait-il si un tel événement survenait dans une centrale nucléaire ?

Guillaume Blavette

8/14/20220 min read

En 2021, je soumettais au Réseau Risque industriel de FNE et à FNE-Normandie une analyse de l'accident de l'usine Lubrizol survenue à Rouen le 26 septembre 2019. Si ce drame n'a causé aucune victime directe, il convient néanmoins de le regarder comme une catastrophe industrielle résultante directement de la déréglementation et de la baisse des moyens de contrôle.

En effet tout ce qui s'est passé cette nuit-là était prévisible mais exclu par la réglementation applicable à une entreprise puissante et surtout très influente sur le territoire. Tel est le constat établi par les nombreuses commissions d'enquête et mission d'information qui ont regardé sous toute ses facettes ce drame. Que des substances combustibles prennent feu n'est guère étonnant. Les tolérances, dérogations et autres petits arrangements dont l'exploitation a bénéficié au coeur d'une agglomération de 500 000 habitants le sont beaucoup plus.

Comme face au nucléaire, nous étions ici dans une sorte de déni du risque reposant sur une approche probabiliste des dangers pour le moins favorable à l'industriel. Plus que la protection de la population et de l'environnement, il fallait en dernier recours garantir la pérennité de l'installation en ne requérant que des mesures de sauvegarde "économiquement acceptables".

Tout cela est parti en fumée dans la nuit du 25 au 26 septembre 2019. Sans qu'on en connaisse la cause exact, les entreposages de produits finis du site ont pris feu sans que l'incendie puisse être contenu à la source puis maitrisé. Les modestes dispositifs de protection ont tous failli alors que l'intervention de la sécurité civile a été pour le moins complexe comme l'a rapporté récemment le chef des opérations.

Imaginez donc ce que cela pourrait donner en cas de sinistre dans une installation nucléaire de base alors que la réglementation applicable n'est pas plus opérationnelle et que le fameux Plan national de réponse à un accident nucléaire est pour le moins surprenant...

Afin que chacun prenne la mesure des difficultés de l'Etat pour prévenir, intervenir puis résoudre une crise technologique majeure, je publie à nouveau ce document :